Un café avec Samir Bounemeur, expert en démarches de Management RSE et Certifications
Brasserie Le Congrès, avenue de la Grande Armée
Mercredi 01/07 à 20.30
Nous allons aujourd’hui évoquer la norme ISO 9001, si vulgarisée et pourtant si méconnue. Si l’on peut effectivement être certifié ISO 9001 avec 0 procédure, alors pourquoi donc nos PME s’évertuent-elles à se priver de cet atout ? J’ai toujours cru pour ma part que l’ISO 9001 ne concernait que les majors ?
Oui, c’est une idée communément répandue. Nombres de nos PME et TPE s’obstinent en effet à penser que l’ISO 9001 n’est pas pour eux, que c’est l’affaire des grands groupes. En fait, autant le dire clairement, elles se trompent, c’est tout en réalité le contraire !
Pourtant il faut des outils spécifiques auxquels le PME/TPE n’ont pas accès ?
A nouveau, désolé de vous décevoir, il ne s’agit nullement d’outils, c’est un hors sujet complet. L’ISO 9001 est en réalité ni plus ni moins qu’une sorte de méthodologie, concentré des principes du management. C’est l’excellence des grands groupes, synthétisée, condensée et mise à disposition des acteurs du monde économique, dont en tout premier lieu nos TPE et PME. Ne pas comprendre cela, c’est nier les processus naturels de déploiement des idées et des méthodes. Ne pas comprendre cela, c’est nier le fait que ce sont les majors, institutionnels ou privés, qui font avancer les pratiques et ce dans tous les domaines.
Donc pour une PME/TPE, s’approprier l’ISO 9001, c’est utiliser les techniques des « grands » ?
Oui, bien sûr. Un outil de tout premier ordre existe ; un outil mature, épuré, axé 100% management et pilotage. Co-conçu par des dizaines d’acteurs économiques et universitaires de plus d’une centaine de pays et qui plus est régulièrement upgradé depuis plus d’un demi-siècle, Il est mis à disposition des organisations de toute taille. Rien de moins que cela !
Mais alors, au nom de quel mystérieux principe nos PME refusent-elles de s’en emparer ?
Ce « refus du progrès » peut en effet paraitre étonnant et aller à l’encontre de l’efficacité, du pragmatisme et du bon sens ; un refus incompréhensible, sauf, à considérer une certaine « mauvaise réputation » liée au sujet. En effet et nous devons l’avouer, l’ISO 9001 traîne une réputation de rigidité et de mise sous procédures qui en rebuterait plus d’un. Cette réputation qui relève de l’ignorance des décideurs en la matière est hélas, je dois le concéder, véhiculée par des consultants d’une médiocrité affligeante, masquant leur totale incompétence derrière des titres et certificats ronflant, mais c’est là un autre sujet. Ne dit-on pas que le faux or circule par ce que le vrai existe. Donc, affirmons-le clairement, il s’agit là d’une réputation injustifiée, non d’une réalité.
Si l’ISO 9001 ne nécessite aucun outil, sur quoi se base t’elle, en quoi consiste t’elle ?
L’ISO 9001 est tout simplement un extraordinaire outil de management pour nos PME/TPE, basé sur la prévention, l’apprentissage, le pilotage et l’amélioration. C’est souvent pour une PME et j’ai le regret de le dire aussi crument, l’unique et souvent le premier outil de management complet et intégré, avec notamment :
- Des processus clairement identifiés avec des responsables et une mise sous pilotage
- Une gestion des risques appréhendée en amont
- Des actions d’amélioration pour éviter de faire encore et encore les mêmes erreurs
- Une gestion de projet plus rationnelle
- Une meilleur maîtrise de l’activité et donc des coûts
- …
Mais, j’ose insister, quid des « fameuses » procédures ?
Et bien, je serai tenté de vous répondre par un long hurlement ininterrompu de plusieurs minutes ! Je ne le ferai pas.
Plus sérieusement, oubliez-les, ce n’est pas un problème. On peut être certifié avec 0 procédure ! Vous ne rêvez pas, zéro procédure. L’ISO 9001 consiste, non à écrire, mais à faire ce qui doit être raisonnablement fait.
Nous parlons donc bien ici de management, de bon sens ?
Bien sûr ! Lorsque l’on dirige une organisation, quelle qu’elle soit, avec l’ambition de porter des projets et « d’embarquer » des femmes et des hommes dans l’aventure, un minimum de structure s’impose. C’est le « b-a-ba ». Et plutôt que tout réinventer en pensant faire mieux tout seul dans son coin, l’ISO 9001 vous donne les bases de ce qui doit être raisonnablement fait, des actions de bon sens, dont une partie que vous réalisez déjà.
Vous auriez des exemples ?
Ils sont tout autour de nous, dans les entreprises, si bien que les gens ne s’en rendent plus compte : former vos collaborateurs afin qu’ils restent compétents, écouter vos clients afin de ne pas les voir vous quitter, qui plus est en silence et en vous dénigrant, structurer un management transparent pour créer l’envie et la motivation, mieux appréhender les projets en amont pour identifier et limiter les risques ….
A cela ajoutons que l’ISO 9001 reste une reconnaissance prestigieuse, dont moins de 10% des entreprises se prévalent actuellement, ce qui ne gâte rien
Si je vous ai bien compris et en conclusion, l’ISO 9001 permet de créer un environnement managérial favorisant l’implication, la motivation, l’appartenance et l’amélioration, le tout dans une approche structurée donnant du sens.
Pas si mal, non !
Propos recueillis par Valentina D
Experte en communication auprès du Groupe Intelligence & Techniques Stratégiques
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