Former autrement ou « Transmettre les perles » ! Avec les Accelerated Learning Techniques

mai 14, 2020

Un café avec Samir Bounemeur, expert en démarches de Management et Certifications

Rendez-vous initialement prévu au Congrès, avenue de la Grande Armée (Annulé pour cause de confinement)

Lundi 24/04 à 20.30 via ZOOM

S’il n’est pas de domaine qui exclue la formation, dans les disciplines liées aux domaines de l’organisation, du management et de la certification, celle-ci relève d’une nature très particulière, me semble-t-il ? Et lorsque l’on effectue une recherche sur le web en la matière, l’offre est pour le moins pléthorique sans qu’il soit pourtant possible de distinguer des différences fondamentales ?

Oui, c’est une très bonne question. En effet, vous avez raison et nous écarterons ici les formations purement techniques, bien que fondamentalement les enjeux sont proches, pour nous concentrer sur les formations relevant des thématiques du management, de l’audit, de l’organisation et des démarches de certification que je connais bien, les pratiquants depuis 25 ans.

Sur ces sujets, vous avez hélas raison, rien ne les distingue sur le fond. Les offres proposent généralement un niveau assez basique, sans valeur grande ajoutée, relevant plus de la lecture accompagnée et expliquée des concepts, des thématiques et des règles. Certes, certains font l’effort d’agrémenter leurs formations d’exercices, mais à y regarder de plus près, les méthodologies sont très « statiques et linéaires ».

J’adhère à vos propos et ressens bien intuitivement qu’une autre voie est possible, mais comment faire ? On doit bien enseigner une technique ?

Oui, la technique, les connaissances pratico-paratiques doivent s’enseigner, et elles s’acquerront avec d’autant plus d’aisance que la formation, en première intention, aura situé, expliqué et défini dans son environnement les enjeux et finalités poursuivis.

Oui, la technique doit s’enseigner, mais dans le cadre d’un savoir-faire opérationnel. Qu’il s’agisse de savoir-faire, de savoir penser et même de savoir apprendre, cela relève d’une tout autre envergure que « lire et commenter ensemble un support ».

Nous touchons là aux modes d’apprentissage. Vous noterez bien que je ne dis pas « mode d’apprentissage du cerveau ». Car en réalité ce n’est pas seulement le cerveau qui apprend mais tout notre être. En réalité le néocortex seul n’apprend rien, il enregistre une séquence mais ne peut la mettre en action. Pour cela il a besoin « du corps et du cœur », c’est-à-dire de vivre physiquement et émotionnellement les concepts.

C’est un peu mystérieux ?

Non, nous sommes tout simplement dans le respect de ce qu’est un Homo Sapiens. Ces mécanismes d’apprentissage sont le fruit d’une évolution longue et complexe. Il est « prétentieux » et inefficace de penser faire mieux que l’évolution en s’affranchissant de ces processus et mécanismes.

Toute technique ne peut s’apprendre, au sens d’être intégrée et utilisable, qu’avec une implication physique et émotionnelle. Et pour cela, nous avons ce qu’il est convenu d’appeler les Accelerated Learning Techniques ou Techniques d’Apprentissage Rapide en Français, quoi qu’en réalité elles ne sont « rapides » que parce qu’en phase avec notre nature, permettant ainsi un apprentissage plus profond, plus durable et partant une meilleure intégration par l’apprenant.

Par exemple, faire des exercices d’application ?

Oui, c’est une des techniques ; la plus connu car perçue comme « sérieuse ». Plus généralement, ces techniques sont basées sur le fait que nous apprenons, comprenons, réfléchissons mieux, libérés de nos tensions et préjugés.

Il y a tout d’abord, le jeu. Pourquoi donc, tous les mammifères, que nous sommes soit dit pour rappel, passent-ils toute leur jeunesse à jouer ? Nombreux sont ceux qui considèrent cela comme « pas sérieux ». Ils ont tort. Rien n’est plus « sérieux » que le jeu. Le jeu est une des techniques majeures d’apprentissage. La nature et l’expérience nous le confirme tous les jours. Les travaux sur les jeux, du remarquable Sivasailam THIAGARAJAN, chercheur d’origine Indien, l’ont démontré dans le monde « sérieux » de l’entreprise et de l’enseignement.

Autour du jeu, inhérents à la nature humaine, le rire, l’humour, la caricature, les blagues et anecdotes, l’autodérision sont nos meilleurs atouts. C’est pourquoi nos formations sont conçues et réalisées en intégrant tous ces aspects, mais également challenges, quizz, situation/drame psychologique, pédagogie inversée, exercices physiques asymétriques favorisant les échanges inter-hémisphères … Sans oublier le matériel aidant à la réflexion, la prise en compte des biorythmes.

Pouvez-vous nous parler de l’intervenant ?

C’est un sujet délicat, dans un monde ou n’importe qui peut être coach ou formateur en amour, en gestion du temps, management, formation (sic) et j’en passe.

Le niveau est très contrasté, notamment du fait que l’on confond « statut » et qualité. Comme je l’ai évoqué au début de cette interview, un formateur n’est pas seulement le lecteur et commentateur d’un support, aussi sympathique, cool et empathique soit-il. Or c’est hélas trop souvent le cas. Sans qu’il soit possible de fixer une règle absolue, il y a des jalons qui font un formateur de qualité :

  • la qualité, la variété et la vérité de ses expériences dans le domaine enseigné,
  • la préparation de ses interventions,
  • la méthodologie et les techniques employées, c’est-à-dire sa capacité pédagogique à prendre la main de chaque élève apprenant pour l’amener vers la connaissance,
  • enfin, son intérêt pour les techniques pédagogiques.

La difficulté est qu’une partie de ces incontournables ne sont vérifiés qu’une fois la formation consommée. Il y a toutefois un « test » qui présente une certaine fiabilité. L’entretien visuel (idéalement en présentiel, à défaut à distance) avec le formateur. L’expérience confirme en effet qu’une part intime de vous sera capable de reconnaitre intuitivement la qualité quand elle la rencontre. Échangez sur le thème de la formation, vous verrez ce qu’il/elle a à dire et vous saurez.

Finalement, vous semblez dire que le support n’est pas si important ?

Tout à fait. Comme je le disais, le support sert à rassurer. Bon d’accord, également à apprendre quelques trucs, ou encore de mémo post-formation. Donc, pour vous rassurer, nous avons également le sacro-saint support PPT !

Mais vous comprenez bien que le support sans mon expertise, mon discours et ma méthodologie pédagogique n’a qu’une valeur très limitée et n’est donc pas “vendable”. Et dans la réalité, bien évidemment, je ne « vends » pas le support.

Idéalement, s’il existe une réelle motivation et une volonté d’implication chez le client et les stagiaires, j’adresse le support à l’avance afin qu’un travail préparatoire sérieux soit effectué dessus.

Cette démarche permet un réel gain de temps et en substance, car les stagiaires ont déjà une première approche des enjeux et de la matière abordés. Les échanges qui s’en suivent me permettent de viser le cœur de cible du sujet et ainsi de travailler à réveiller les neurones anesthésiés, d’éclairer les intelligences, de susciter une forme d’émerveillement.

Les sourires, les regards qui s’éclairent, les têtes qui se relèvent sont les seuls marqueurs de réussite de la réussite de ma prestation.

En arts guerriers, on dit « Transmettre les perles ».

Cela semble tout un programme. Les stagiaires vivent une vraie expérience ?

Tout à fait, c’est l’idée. En réalité cela dépend en partie d’eux. Veulent ils être des hommes ou des femmes adultes, actifs, ou juste rester passifs. Je terminerai par une maxime des arts guerriers : il leur faut participer avec l’intention de « voler la technique ». Rien n’est donné, jamais.

Propos recueillis par Valentina D

Experte en communication auprès du Groupe Intelligence & Techniques Stratégiques

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